• A l'étage du jour,

    aux murs de l'apparence,

    rien.

    Il faut descendre quelques marches... 

    Le regard s'accommode:

    Les murs de la petite église

    s'éclairent de l'intérieur

    sur leurs secrets baroques. 

    Près du vent,

    Cassiopée, peut-être Orion, brillent

    dans les branches du noyer. 

    Ainsi de nos pensées

    il faut descendre quelques marches.


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  • Dans la châtaigneraie

    près de la source,

    le sentier est boueux,

    je me souviens 

    de violettes sur les talus,

    de menthe sauvage ,

    de fougères. 

    Il fallait passer par côté

    hors les nappes 

    de feuilles et de vase

    pour  ne pas engraver les souliers . 

    J'aimais les flaques du chemin

    y regarder le ciel

    penser aux antipodes . 

    Pareil dans la maison,

    à contempler la pluie

    dégoutter sur les vitres . 

    Interdit d'y courir,

    Alors j’imaginais. 

    J'aurais bien mis des bottes

    pour aller patauger,

    et pris un parapluie

    pour le crépitement de l'averse.

    J'aurais couru, joué … 

    Joie de venir rincer

    le linge au ruisseau

    après l'avoir ,

    je ne sais  dans quel ordre,

    trempé , savonné,

    fait bouillir dans la lessiveuse .

    Le savon partait en nuages

    dans l'eau claire .

    Je marchais doucement ,

    pour sentir le courant

    sans remuer la vase,

    je tenais un coin du tissu

    et le laissais se soulever,

    se déplier, se gonfler

    lâcher son encre blanche … 

    Avec ma sœur

    aller puiser de l’eau ,

    chez nos voisins,

    dans des seaux ou des brocs.

    Après, dans une marmite,

    sur la cuisinière à mazout,

    elle chantait sa chanson. 

    Dehors,

    les pluies d'orage, les averses, 

    bourrasques au verger,

    les empreintes fleuries

    d'un chat dans la neige,

    le verglas épais sur la route.

    Dedans,

    la chaleur des repas,

    l'odeur du propre,

    le bercement des paroles

    en deux langues

    que les adultes échangent

    au-dessus de nos têtes ...

    elles s'endorment

    dans nos cœurs...

    On ne pensait à rien.


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  • Une source, les fougères, menthes,

    L’ombre  des châtaigniers sur les sentiers crayeux.

    S’y reposer … 

    Le ciel dans la flaque, on ne voit pas tout.

    On se penche pour chercher en-dessous.


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  • De hautes figures  de bois sculptées, dignes, le regard bleu.

    La montagne donnait écho à leurs cris.

    Les vieux, rivés au foyer, crachaient dans la braise : je les plaignais. 

    Mais après tout, ils  ruminaient la vie. 


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  • Champs simples

    et grandes masses d’arbres

    en contre-bas

    Merveille des journées

    de si longue lumière

    Soleil couchant

    et lune blanche

    se partagent le ciel

    Châtaigniers

    châtaigniers mélancoliques

    déjà si chargés

    Franges d’incandescence

    Je quitte les clartés

    de notre accent

    Le train file…


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  • On confie un secret à la terre

    Qui enfante parole pareille

    Criée dans les roseaux sous le vent 

    La mesure des gestes

    N’est pas donnée d’avance

    Matière soulevant

    Ses essaims ses étoiles.


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  • Monde plein

    Qu’il était simple d’avancer

    Dans la forêt du cerisier

    La sphère et le noyau 

    Tu cours sous la neige

    Restera-t-il même

    La trace du geste ? 

    La langue du fleuve scintille

    Prise à sa gangue pierreuse

    Cette nuit de janvier.


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  • Avant le gel 

    Nous reste-t-il 

    Un peu de temps ?  

    Même à parler d’absence 

    Feu soustrait...


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  • Le monde

    est en miettes

    Les morts et les anges

    le mangent 

     

    Le monde

    est en miettes

    Les morts et les anges 

     

    Le monde

    est en miettes

    Les morts 

     

    Le monde

    est en miettes 

     

    LE MONDE 

     


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  • Un feu est l’ignorance

    Des dits comme chemins

    Dans l’écorce l’écume 

    Ressasser reconnaître

    Et n’ayant pas le cœur trop pur

    L’antique et fraîche force

    Effacée 

    Regarder oublier

    Le fer ouvré

    À la fenêtre

    Les pierres de la cathédrale

    Un carton dans la chambre

    Jamais défait.


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  • Entre ce nom

    et ma chair 

    L’arbre

    et le vent 

    Dans la déroute

    du réveil 

    Le deuil

    et le doute 

    Le désordre

    de tout chagrin 

    J’ai perdu 

    un refrain


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  • Traces du chant

    dans les feuillages 

    La foule 

    Espace

    sous la pluie 

    Chant pur

    gauchi

    par les bourrasques 

    Amitiés de ce monde 

    Chant qui comble

    en ménageant l’espace 

    Trouées 

    Silences dans les arbres 

    Occupations humaines

    Aléas


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  • Les noms

    glissent

    dans le courant

    Les langues

    en gésine

    déménagent

    sur la terre

    des morts

     

     


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  • Une seule note

    cristallisée

    s’évapore

    Silencieux

    vagabond appliqué

    un long travail

    occupe les générations

    couturées par la mort

    Portes ouvertes

    où notre bonheur loge

    cœur griffé par des serres délicates

    et l’orgueil des jeunes feuilles .


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  • Prise aux franges du monde défait

    je vais près de dormir

    aux animaux  objets sans nom

    ou êtres de lumière

    aux grands gestes supérieurs

    Les cellules  sous le microscope

    Les fibres se séparent se reforment

    matière sous l’identité

    Rien ne se survit uniformément

    hors le souvenir qui nous tanne

    au retour des figures

    Je fais un tour au pays des morts

    des plantes des flaques

    plusieurs fois le jour la nuit

    dès que tu bouges et que je ne surveille plus la vie.


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  • Ni savoir 

    Ni comprendre 

    Être là 

    Et boire 

    Vos paroles 

    Innocentes 

    Vos rires 

    Et vos danses


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  • Ni invités 

    ni initiés 

    nous sommes 

    franchis 

    ou brisés 

    par des frontières


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  • En rêve

    sur les collines d’air tiède

    lumière déclinante

    je vole vers le sud 

    Dans une ville

    au quartier ruiné

    muraille immémoriale 

    Inquiète

    j’arrive on ne sait d’où

    buter

    sur le bonheur 

    Des enfants de Castille

    jouent en noir et blanc

    marelles graffiti

    dans les cours

    les ruelles 

    Sous les ciels du Greco

    les refrains de Lorca 

    je suis étrangère.


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  • Je devine 

    les âmes bleues

    au destin portuaire

    des voix éthérées

    ou terrestres

    dans l’agonie du monde

     

    J’aime

    les ports industriels

    les silhouettes bleues

    les lits défaits pleins de fatigue

     

    Je choisis

    les veines bleues

    qui sillonnent la terre…


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  • L'oiseau qui vole 

    vers votre demeure 

    va à l'essentiel 

     

    Nous ne faisons pas semblant 

    nous sommes 

     

    Ce que j'aime 

    n'est pas en vous 

    mais resplendit 

    au loin 

    nous porte 

    et nous comble


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  • Tuile fanée

    Vigne rouillée

     

    Dévastée de sanglots

    Inondée

    Racines retournées

     

    L’hiver sans fard

    Aime en silence

    Jusqu’à la mer

     

    Amandier promis

     

    (l’eau limoneuse

    était chez elle )

     

    Amandier tenu


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  • Dans le giron des grands saules

    Le soleil abrite

    Le trésor coloré des galets

     

    Inépuisable et proche vérité

    Détail du terrain vague

     

    Appel vide de l’amour

    Frontière du corps en travail 

     

    Je cherche une âme dans la rivière


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  • L'eau grise du fleuve

    miroir de ciel chargé

    taché de lueurs rouges

    m'appelle entre les arbres

    comme le souvenir

    des rêves de la nuit .

     


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  • Le temps venu, 

    aucun amandier 

    ne sera oublié


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  • Quelqu’un a beaucoup écouté

    lu, vu de la vie

    a compris les cartes  déchirées

    à l’instant de la parole 

    Ce qui aurait existé

    est déjà d’un autre âge 

    Au moment où tu lis

    la vérité se sera retournée 

    L’ignorance pare la  nuit d’éclairs


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  • L’amour , la dépossession ,

    déferle

    ne détruit  ni se perd

    en nous, 

    terre muette,

    et féconde ,

    outre la chair,

    geste  ou    parole.


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  • Il n'est provende que de sens

    non pour surseoir à l'effroi

    sur cette margelle parfois

    me suis assise

    Mais près ou loin brillent

    l'amour et l'ignorance

    brillent les feuilles

    que le jour renouvelle

    la mémoire en dentelles

    des formes de ce monde


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  • La pluie  l’averse

    enjouée  précieuse

    comme un sourire

    plein de paroles 

    Elle vient te chercher

    au sol

    sur la chaussée

    sans pouvoir

    empêcher

    ce geste du bras 

    Je t’assure

    ça fait longtemps

    viens avec moi 

    Cette pluie

    cet orage

    obsédants

    délivrent 

    Épisode éternel


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  •  

    L'incompréhensible

    est majoritaire

    même s'ils le réduisent 

    à une tête d'épingle


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  • A épeler les vocables

    de l'ange

    nul ne s'épuisera

    Il tresse ses lueurs

    d'orage

    au sillon de tes pas.

    Il rêve

    au passage

    à niveau,

    ou bien s'arrête

    sous les lambeaux

    d'une affiche .

    Tu peux le chercher:

    parfois

    il y avait une lueur,

    un doute,

    un silence...

    Il était là .

    Mais s'il ne trouve

    plus rien

    ni personne

    pour s'ennuyer

    avec lui,

    il va son chemin,

    il frôle l'animal

    peut-être,

    ou l'éclair,

    la fougère,

    le peuplier...


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