• Ariane

     

    Au bout du fil j’entends battre ton cœur

     

    Entrer  sortir du refuge onirique

    fuir les maisons dissoutes

    crier colère  partir

    avec perte et fracas

     Ici tout de suite  

    dans le ciel chaud de fin d'octobre 

    la nappe brillante du canal   

    reçoit pourtant

    petites barques les feuilles mortes  

    ondulation calme et huileuse 

    délicatesse au jour aimable

     

    Tu es l’anneau du quai qui garde la  lumière

     

    Sortir vivre mourir

    dans les orties sous les tilleuls

    ivre d’étoiles trébuchées dans les flaques

     

    Ils ont cloué des chouettes 

    aux portes des granges

    jeté du sel pour se garder du mal 

     

    Je tiens le fil  pour revenir vers toi

     

    Châtaigneraies montagnes 

    désordre envahissant de souvenirs obtus 

    vallées gaves 

    villages d’ardoises et de craie

    argile à modeler

    peuple  de bêtes silencieuses

    capharnaüm secret

    à rappeler pour aborder l’effroi

     

    Mais, chasse gardée ou jardins condamnés, 

    les refuges déserts sont privés d’oraison

    Les dieux anciens déguisés en mendiants 

    pour nous mettre à l’épreuve

    trouveraient porte close 

     

    Et nous pouvons dormir 

    sachant comme tout va 

     

    Je tiens ce fil mais je ne vois plus rien

     

     Pourtant , à la joie de vos œuvres 

    nous sont donnés sensibles

    le pain

    les tables

    les lampes partagées

    les lettres lues à la croisée 

    fleurs fruits oiseaux 

    et  figure de madone à l'enfant

     

    Ce fil ténu te renvoie ma fatigue

    Ariane au cœur grandi, peux-tu veiller encore? 

     

    Il a fallu forcer d’antiques barrières

    le labyrinthe aussi bien intérieur

    se superpose à la vie calme

    le monde est dévasté

     

    Où dort le monstre dites-moi? 

     

    Dans les étables vides 

    l’odeur des bêtes et de la paille

    les greniers poussiéreux

    des restes de maïs...

     

    Je suis seul, c’est la nuit 

    il y a peu 

    de ma peur

    toujours quelqu’un venait me rassurer

     

    Hier , des récits de folie

    ont troué le jour

    j’ai appris qu’aux appels à l’aide

    les coups pouvaient répondre

     

    Assourdi dans une foule hostile

    je garde ton secret

     

    Pourtant les voix humaines

    sont réelles

    berceuses chants d’amour 

    travail lutte prière

    issues de corps vibrants 

    J'ai besoin de ta voix pour revenir au jour

     

    « OrageMasques »

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