• Masques

    Absent votre regard,

     

    Absent votre regard,

    tout disparaît bien sûr. 

     

    Au pays des couleurs, 

    restera, restera 

    l’ardent fracas des voix

    pressoir qui rien

    ne place ni déplace.

     

    Dans ce torrent ne suis, 

    ne puis, sauf à douleur, 

    résoudre l’entrelacs 

    de signes  qui m’échappent.

     

    Matin de Juin

     

    Quand  aux matins de juin

    le jour brode feuillages,

    les ourle de lumière ,

    le ciel est respirable,

    courbé,  jailli du cri, 

    du vol des martinets. 

    L’espace frais 

    est bien notre maison.

     

     

    J'aime

     

    J’aime le monde qui clignote

    l’enseigne des pharmacies

    les musiques nulles dans le car 

    la foule bariolée

     

    J’aime quand on a faim 

    envie de prendre un bain

     

    J’aime les amandiers même après les fleurs

    les rails rouillés depuis toujours

    et les orties drues et fraîches  près des fossés 

    une indéfinissable odeur dans l’air 

    au contact de la peau

     

    J’aime marcher vite le matin 

    quand les gens sont encore un peu endormis

    saluer ceux qui nettoient 

    ou rêver de quand les cafés rouvriront 

    et  qu’on peut aller s’asseoir cinq minutes 

    et faire semblant de regarder la télé accrochée en hauteur

    déplier le journal laissé exprès avec les résultats du match

    qui m'indiffère mais sentir que ça intéresse et rend joyeux certains

    j’aime bien

     

    J’aime aller au marché du mardi matin pendant les vacances

    à Olonzac 

    marcher entre les robes fleuries, les étals de légumes

    les babioles et les tresses d'ail,

     les nourritures et les fournitures. 

     

    J’aime écouter parler dans d’autres langues et n’y comprendre  rien

    sentir l’humanité animée fraternelle, loquace

    et violente pourtant

     

    J’aime les voix de femmes 

    qui font rempart de sens à leurs petits

    quand elles parlent avec langueur sans les toucher

    dans le tramway ou dans la foule 

    pour interdire  doucement  

    et retourner à leur rêverie

     

    J’aime même les moments perdus dans les salles d’attente 

    puisqu’on est vrais , que c’est la vie

    et l'inconnu précieux

     

    J'aimerais encore  passer la frontière 

    et chercher dans le paysage et les visages

    les traces d'une autre essence

     

    J'aime début avril les figuiers de lumière 

    aux tendres jeunes feuilles transparentes 

    issues de branches noires

     

    Aussi, j'aime les histoires qui font pleurer et qui finissent bien

    les chansons qui tournent en mémoire 

    et qu’on s’exerce à chanter juste

     

    J’aimerai toujours votre sagesse , vos yeux cernés inoubliables.

     

     

     

     

    Vertige

     

    Tout vire, je rêve 

    dans l’orbe de l'arbre 

    immense qui bouge

    vertige

     

    Motifs

     

    fractale arachnéenne 

    enroulée déroulée

    fourbissant sa besogne

    trop loin ou en secret

     

    motifs sont les paroles

    à nos travaux laissées

    baume au cœur ou poison

    à frayer leur sentier

     

    Masques

     

    Masqués

    j’invente vos visages

    qui se parent d’oubli

    aux vergognes secrètes



    L’orante

     

    L’orante 

    éclaire  et lit

    l’affreux  fracas de glace

    à la grâce du sens

     

    Le pli des vagues.

     

    Dans les vagues  leurs plis 

    des esquifs de hasard

    sans  nouvelles

    de vous

     

    Dans les plis, les débris

    les coquilles brindilles

    l’espace tourne à vide

    sans vous

     

    Vers des havres poussés

    relents de peurs natives

    à vos  phares

    rivés

     

    On se recroqueville

    en fougère ou chenille

    O  fatigue , vindictes

    détours

     

    Oubliant les morsures

    et berçant la blessure

    sombre flot d’encre lente

    les mots

     

    Les sanglots et les rêves

    l’écorce du récit

    notre souffle 

    une trêve ….

     

    Pour qu'au matin lavé

    la lumière ait raison

    Et flots de fleurs nouvelles

    les pensers se délivrent  

                au tilleul oublié 

     



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